Le point de non retour est arrivé
Désolée d'avoir été absente depuis plusieurs semaines.
Ce que je redoutais est arrivé. Et pas au bon moment donc.
Mes deux parents sont hospitalisés. Pas pour le COVID-19.
Ma mère dans un hôpital, car à bout de forces de s'occuper totalement seule de mon père depuis le début du confinement, mon père dont l'esprit s'échappait de plus en plus loin et de plus en plus souvent, ma mère donc, est tombée d'épuisement.
Elle est tombée, littéralement, en vomissant du sang. Mon père, l'esprit absent, la regardait, en disant qu'il n'avait pas eu son dîner.
Ma mère a tout juste eu la force d'appeler mon frère, qui m'a appelée. Moi, plus pratique, j'ai appelé leur généraliste, qui y est immédiatement allée, et a fait hospitaliser ma mère, tout en me parlant au téléphone. Je lui ai dit qu'on ne pouvait pas laisser mon père seul pour la nuit, et coup de chance, les médecins de famille en province sont non seulement adorables au point de se déplacer chez leurs patients quels que soient le jour et l'heure, mais en plus, ne laissent pas tomber les familles.
Le coup de chance, c'est que le mari de la généraliste de mes parents est chef de service du service gériatrie d'un hôpital des Ardennes (distant de 25 kilomètres de chez mes parents, et donc de celui où est hospitalisée ma mère). Son mari, bien que n'ayant pas de place dans son service, a fait venir mon père en disant qu'il allait s'en occuper.
J'ai appelé les voisins de mes parents, qui ont pris la clé de la maison tandis que mes parents partaient en ambulance. J'ai appelé la femme de ménage qui est venue le lendemain remettre la maison en ordre, nettoyer le sang etc...
Pour ma mère, ce n'est pas trop grave. Une méchante inflammation de la vésicule biliaire, un érysipèle de la jambe droite, une anémie sévère et un épuisement terrible.
Elle a dormi trois jours pratiquement non-stop. Elle va mieux, l'inflammation de la vésicule est enrayée grâce aux antibiotiques. Ils ne veulent pas opérer à chaud, notamment à cause de sa faiblesse, ce sera donc pour après... Après quand ? Je ne sais pas.
L'érysipèle a bien dégonflé, la jambe a retrouvé de la mobilité, la fatigue s'estompe, elle dort beaucoup, mange bien...
Mon père...en revanche... Et bien mon père ne rentrera plus jamais à la maison. Ce fut un choc d'une violence terrible pour ma mère quand on le lui a dit, ils fêtent cette semaine leur 63e anniversaire de mariage.
Mon père, quant à lui, ne se rend pas compte. Il a oublié qu'il a des enfants... Et, plus grave, en moins d'une semaine, a oublié ma mère et ne réclame plus de rentrer chez lui. Il va être transféré mercredi prochain dans une "maison transitoire" pour cinq semaines.
Ce qui nous laisse jusqu'à début juin pour trouver une solution définitive. Une Epahd spécialisée avec un service ouvert et un service fermé, car mon père s'enfuit trop...
J'ai longuement parlé avec le chef de service, qui m'a dit que les nombreux petits AVC que mon père a eus ces dernières années ont abîmé le cerveau et provoqué une démence vasculaire en train d'arriver sur un début d'Alzheimer. Il n'est donc plus question de le laisser à la maison, même avec des aides médicales. Trop dangereux, car il essaie de s'échapper la nuit, c'est ça qui a tant épuisé ma mère ces dernières semaines. Car lui dort toute la journée et s'agite la nuit, ce qui fait que ma mère, elle, ne dormait pas du tout.
Et même si des auxiliaires de vie se succèdent 24h/24 ça n'ira pas, il faut des structures et du personnel spécialisés.
Voilà les dernières nouvelles chers tous...
Il faut absolument que j'obtienne cette dérogation pour aller une semaine à Charleville, ma mère est terrifiée, je dois, je veux l'aider à prendre ces nouveaux repères. Et il va y avoir beaucoup de dossiers à remplir, de démarches à effectuer...
Hors de question d'aller visiter mon père qui est pour le moment dans un hôpital.
Je reviens dès que je peux.
Prenez soin de vous, plus que jamais.